Vœux présidence Espace Associatif 2024
1) Intro : présentation du contexte et du ton qu’il requiert...
Les vœux qui vont être formulés à l’instant sont ceux de l’ensemble des 4 co-présidentes et co-présidents de l’Espace Associatif. Cette année, c’est à moi qu’échoit l’honneur de les exprimer, mais l’an prochain, ce sera une autre personne...
Présenter ses vœux en début d’une nouvelle année relève d’une bonne éducation et d’un désir fort de partager avec ses concitoyens une vision généreuse de l’avenir. Il serait donc mal venu, lorsqu’on a l’esprit associatif chevillé au corps, de ne pas se soumettre à cet exercice...
Il est pourtant parfois un peu convenu et, trop souvent, c’est avec un optimisme de circonstance qu’on s’y attelle, avec, au fond de soi, la mesure d’un décalage entre ce que l’on souhaite aux personnes présentes et ce que l’on connaît des difficultés que traversent le monde : Les guerres en Ukraine, en Palestine, ailleurs encore… Le réchauffement climatique qui s’accélère le rythme des tempêtes, des sécheresses... L’effondrement de la biodiversité auquel on assiste de manière impuissante… L’anxiété croissante d’une partie de la population qui favorise leur glissement vers les passions tristes : le repli sur soi, l’aquoibonisme, la xénophobie, la perte de confiance dans la démocratie…
Il ne s’agira donc pas pour nous, dans cet exercice, de lancer des paillettes, de la poudre aux yeux en se projetant dans un monde irénique, mais bien davantage de considérer le monde tel qu’il va, avec sincérité et lucidité, pour l’arpenter ensemble, du bon pied, et avec le plus de détermination possible.
2) Réaffirmer la puissance de l’esprit associatif...
Car il est vrai que le monde ne va pas très bien et qu’il va falloir redoubler d’intelligence, d’imagination, d’engagement désintéressé, de fraternité et d’énergie sociale pour s’en sortir collectivement.
Mais est-ce une raison de déprimer pour des militants associatifs comme nous, qui ont mis au cœur de leur action publique l’esprit de la Loi du 1 juillet 1901 ? Certainement pas !
Je cite l’article 1 de cette loi : « l'association est la convention par laquelle deux ou plusieurs personnes mettent en commun, d'une façon permanente, leurs connaissances ou leur activité dans un but autre que de partager des bénéfices…"
Il y a dans cette simple définition une puissance progressiste qui n’a pas échappé à nos concitoyens puisque 87 % d’entre eux estiment que « les associations et les mobilisations citoyennes défendent le mieux leurs préoccupations. Qu’elles sont l’un des principaux acteurs d’une vie locale riche et dynamique. » (sondage IFOP 3/02/2020). Ce ne sont pas les entreprises ou le personnel politique (18% !) qui sont plébiscités, ce sont les associations ! Plus d’1 Français sur 2 (52%) considèrent même que le rôle des assos est « déterminant ».
Il y a là non seulement de quoi nous réjouir du travail accompli mais un enthousiasme nouveau à saisir en mesurant la responsabilité qui nous incombe pour faire advenir un monde nouveau et désirable. Il nous faut donc réaffirmer la puissance de l’esprit associatif avec fierté !
3) La liberté d’association est un droit naturel, inaliénable, constitutionnalisé
Pourtant des nuages s’amoncellent au-dessus de nos têtes...
- On note depuis déjà plusieurs années la baisse des subventions publiques au profit de l’augmentation croissante des commandes publiques via les processus d’appels à projets voire d’appel d’offres. Ces derniers mettent à mal l’autonomie politique et financière de beaucoup d’associations employeuses (près de 10 % de l’emploi privé en Bretagne !). C’est pourquoi nous plaidons pour le maintien et le développement des conventions pluriannuelles d’objectifs qui donnent aux associations la sécurité financière leur permettant d’être innovantes et performantes.
- On observe aussi la difficulté en matière de renouvellement des gouvernances associatives. Les jeunes s’engagent toujours, avec beaucoup d’intensité mais souvent de manière plus ponctuelle et sans parfois investir de manière pérenne le cadre juridique institutionnel… Or ce cadre est la garantie d’un fonctionnement ouvert, transparent et démocratique. Il nous faut le démontrer.
- On s’indigne de la défiance de l’État qui impose la signature d’un Contrat d’Engagement Républicain aux assos qui veulent obtenir des moyens publics, matériels ou financiers, pour fonctionner efficacement, alors qu’historiquement, l’esprit républicain est au cœur du fait associatif. Ce contrat imposé n’en est d’ailleurs pas un puisqu’il est unilatéral ! Nous promouvons à la place les Chartes d’Engagement Réciproques, déjà signées avec plusieurs collectivités locales car elles permettent de co-construire des politiques publiques en partenariat confiant avec les associations.
Serions-nous ici, en Bretagne, mieux lotis qu'ailleurs ? C'est possible, notre Région est connue pour le remarquable dynamisme de sa vie associative. Il y a en Cornouaille, 7000 associations actives, plus de 60 000 bénévoles (1 Breton sur 4 est bénévole dans une asso !) et plus de 11 000 salariés…
Raison de plus pour bien les défendre en considérant que petites et grandes associations portent, par leur utilité sociale sur les différents territoires, la charpente d’une société solidaire et de proximité.
Elles le font dans la pluralité de leurs domaines d’actions : le sport, l’éducation populaire, la culture, la protection de l’environnement, l’accès aux droits, la réduction des inégalités, de la précarité et de la pauvreté, la diffusion de l’égalité entre les femmes et les hommes, la lutte contre l’isolement…
C’est ainsi que notre réseau associatif est un véritable atout de cohésion sociale et de développement de notre territoire. Pour bien le défendre, il nous faut l’appréhender dans sa généralité, de manière systémique.
Or, trop souvent, nous sommes la tête dans le guidon de notre propre association d’appartenance, et avons du mal à considérer la fragilité du fait associatif, dans sa globalité, sous toutes ses facettes, dans un monde de plus en plus dysfonctionnel.
Alors gardons bien à l'esprit, au sein de l’Espace Associatif, que la liberté d’association est un droit naturel, inaliénable, constitutionnalisé et qu’il doit, comme tous les autres droits démocratiques, être revendiqué et défendu, dans un pacte solidaire, par tous ses acteurs.
4) L’Espace Associatif en ordre de marche pour : affirmer, revendiquer, soutenir, accompagner, analyser et renforcer le fait associatif...
Mais sans aucun doute, cette prise de conscience a largement commencé dans nos rangs. Nous ne sommes pas épargnés par les difficultés que l’on vient d’énumérer - loin de là - mais nous sommes parfaitement prêts à rebondir.
La maison PWR et l’EA sont des outils exceptionnels au service des associations. Il n’en existe pas beaucoup ailleurs de cette ampleur (800 adhérents, presqu’1 million de budget, 16 salariés !). Félicitons-nous également d’avoir su préserver la plateforme de Service proposée par l’EA outil essentiel à l’engagement bénévole local !
Notre précédent plan stratégique 2020/2023 étant arrivé à terme, nous allons donc travailler sur un nouveau projet associatif pour les 4 années à venir. Nous resterons sur les 4 axes structurant notre activité : l’accueil, l’accompagnement, les coopérations, en ayant une vigilance toujours plus grande sur nos pratiques en matière d’écologie. Notre travail futur étant d’enrichir par des actions nouvelles l’orientation que nous nous sommes fixés depuis 4 ans.
Dès lors, puisque nous avons désormais pris nos marques dans un bâtiment confortable et doté d’un riche potentiel fonctionnel, nous allons repenser l’organisation des espaces pour promouvoir la convivialité, les rencontres, les échanges, les idées et les coopérations, dans un espace qui deviendra une véritable Maison commune… En tentant de devenir exemplaire sur la sobriété de nos consommations, notre empreinte carbone et la gestion de nos déchets...
Et puisque nous croyons que l’intelligence collective est la clé du progrès dans un monde qui va inéluctablement se métamorphoser, nous articulerons ce projet sur l’enrichissement des programmes de formation et le partage des connaissances dans le cadre qui nous est si cher de l’Éducation populaire.
Puisque nous avons repensé notre gouvernance en faisant toute sa place à la collégialité et au travail d’équipe, nous allons nous mettre au travail dès maintenant, en relation de confiance entre l’équipe salariée, les administrateurs et les adhérents, pour penser et promouvoir un nouveau projet et surtout de nouvelles coopérations.
Et enfin, puisque la ville de Quimper est un soutien important, fidèle et attentif à l’EA, nous souhaitons travailler en étroite collaboration avec ses élus pour convaincre d’autres collectivités (QBO et d’autres EPCI ?) de conforter cet outil exceptionnel qui rayonne sur un très large territoire.
Nous le ferons en ayant bien en tête les valeurs cardinales de notre raison d’être :
Affirmer, revendiquer, soutenir, accompagner, analyser et renforcer la vie associative sur Quimper et la Cornouaille. Nous voulons être à la hauteur de cette grande ambition.
Et pour qu’elle s’accomplisse, pour que ces belles choses se réalisent et que chacune et chacun d’entre nous trouvions la force de les porter, nous nous souhaitons une bonne santé et de vivre de vrais moments de bonheur parmi les nôtres en cette nouvelle année 2024.
Pascal Petit