
Une association sur trois a moins de trois mois de trésorerie
Tout comprendre des enjeux profonds de cette énième crise des financements associatifs : recul de la subvention, recours aux appels d'offre, « marchandisation » de l'action associative, atteintes à la liberté associative... Avec Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, et Martin Bobel, vice-président du Mouvement associatif et co-rapporteur d'un avis du CESE sur le financement associatif.
L’incertitude est à son maximum sur les moyens financiers des associations. Pour Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif, « on ne pourra pas supporter une crise supplémentaire ». En compagnie de Martin Bobel, Co-rapporteur d'un avis sur le financement des associations au Conseil économique social et environnemental, elle nous donne les chiffres clés sur la santé économique des associations, les pistes d’évolution des financements publics et les nouveaux termes du plaidoyer associatif.
Les difficultés des associations à se financer est un sujet récurrent dans l'économie sociale et solidaire. La part des subventions s’est réduite dans les budgets des associations, remplacées en proportion par les financements par appels d’offre. Cette mutation n’est pas qu'une technique selon les deux invités de notre podcast, Claire Thoury, présidente du Mouvement associatif et Martin Bobel, vice-président du Mouvement associatif et co-rapporteur au Conseil économique social et environnemental de l’Avis sur le financement associatif. Elle est le révélateur d’une « marchandisation » de l’action associative. Autrement dit, l’association serait de plus en plus un tiers à qui l’Etat demande de mettre en œuvre une politique publique, et de moins en moins un collectif de citoyens qui s’associent pour édifier des réponses pertinentes à des besoins sociaux territoriaux ou nationaux. Nos deux interlocuteurs décrivent donc un appauvrissement du fait associatif et une remise en question de la liberté associative du à cette transformation des modalités de financements, en même temps que l’amaigrissement de l’enveloppe financière.
La « marchandisation » de l’action associative
Martin Bobel
« Le financement public des associations glisse d’un modèle basé sur la subvention vers un modèle concurrentiel. On appelle ça la marchandisation du secteur associatif. »
« La subvention finance une initiative citoyenne. La commande publique répond à un besoin défini par l’État. Ce n’est pas la même logique. »
« On voit émerger une remise en question des libertés associatives à travers les outils de financement. Moins de financement, c’est moins de liberté d’agir. »